Les lauréats des Prix du pionnier 2022
Les Prix du pionnier de l'Institut de la santé publique et des populations (ISPP) des IRSC soutiennent des chercheurs en début, en milieu et en fin de carrière qui continuent de contribuer de façon exceptionnelle à la promotion de la santé publique et des populations au Canada et ailleurs dans le monde, par l'entremise de politiques de santé et d'interventions fondées sur des données probantes.
L'ISPP des IRSC est fier de présenter les lauréats de 2022 :
- Chercheuse chevronnée : Mark Tremblay
- Chercheuse en milieu de carrière : Arjumand Siddiqi
- Chercheuse en début de carrière : Amol Verma
‘Ces prix visent à reconnaître l’apport des chercheurs en santé publique et des populations en début de carrière, en milieu de carrière et chevronnés. Les lauréats sont reconnus non seulement pour leurs contributions exceptionnelles à la recherche en santé publique, mais aussi pour leurs qualités exceptionnelles de leader et de mentor et leurs contributions novatrices aux pratiques et aux politiques.
Je suis très heureux de dévoiler le nom des lauréats des Prix du pionnier 2022 de l’ISPP des IRSC et d’offrir mes félicitations à Amol Verma, Arjumand Siddiqi et Mark Tremblay pour leur travail inspirant! Comme vous le constaterez en regardant leurs profils et vidéos ci-dessous, ces trois chercheurs témoignent de l’excellence et de l’étendue de la recherche en santé publique et des populations au Canada.’
Chercheur chevronné : Mark Tremblay
Le Dr Tremblay est scientifique principal du Groupe de recherche sur les saines habitudes de vie et l’obésité à l’Institut de recherche du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario, ainsi que professeur de pédiatrie à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa. Ses intérêts de recherche comprennent l’application et la mobilisation des connaissances d’intérêt pédiatrique sur la science de l’exercice, les activités extérieures et la santé, l’activité physique, la mesure de la condition physique et de la santé, la sédentarité, la surveillance de la santé, et la vie saine et active.
Transcription
Bonjour. Je m’appelle Mark Tremblay. C’est un honneur et un privilège d’accepter le Prix du pionnier remis au chercheur chevronné en santé publique et des populations. Je m’adresse à vous de ma résidence à Kanata, en Ontario. Je souligne qu’aujourd’hui je vis, je travaille, je joue et je prie sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin Anishinabe. Je le remercie de la surveillance et de l’intendance de la terre, de l’eau et de l’air sur ce territoire et je m’engage à collaborer à la conservation, à la protection et au respect de ces ressources sacrées. Depuis près de 40 ans, j’ai principalement axé ma recherche sur la promotion d’un mode de vie sain et actif chez les enfants et sur la prévention de l’obésité et de troubles connexes.
Mes travaux de recherche avec de nombreux étudiants et collègues portent sur les comportements liés au mouvement, soit l’activité physique, les comportements sédentaires et le sommeil, ainsi que les tendances relatives à l’obésité chez les enfants démontrant au fil du temps une hausse de l’obésité juvénile, une baisse de l’activité physique régulière, une hausse des comportements sédentaires – en particulier du temps d’écran – et une baisse de la condition physique. Nous avons mis en lumière la variation géographique, démographique et ethnique ainsi que les inégalités dans ces tendances. Et l’importance fondamentale des méthodes et des modalités de mesure.
Par exemple, notre recherche sur les enfants du Vieil Ordre amish, du Vieil Ordre mennonite et kényans a révélé que, en comparaison aux enfants au style de vie contemporain canadien, ces enfants sont plus minces, plus actifs, moins sédentaires et en meilleure condition physique, et que les données autodéclarées ou déclarées par les parents ont produit des résultats nettement différents par rapport aux données obtenues d’instruments ou mesurées directement. Notre recherche comparative dans différents pays a mis en lumière des lacunes, des variations et des inégalités ainsi que des tendances mondiales, en plus de révéler des réussites d’intervention et de comportement normatif que nous avons mises à profit pour consolider les efforts avec d’autres pays.
Nos observations collectives soulignent la nécessité d’adopter des stratégies d’intervention précoce à plusieurs niveaux et dans plusieurs secteurs pour encourager et maintenir des comportements d’un mode de vie sain et actif dès la petite enfance, avec un appui de premier plan de la famille. Je résume mon programme de recherche comme étant le « Children’s A-TEAM » (pour Children’s Activity Through Exchange and Measurement). Dans le cadre de nombreuses grandes initiatives internationales, nous utilisons des approches comparatives et des mesures de sensibilisation, de communication, de promotion des droits, d’évaluation et de surveillance pour susciter un changement durable et à grande échelle. Je suis reconnaissant envers les nombreux mentors, stagiaires, collègues, intervenants et partenaires avec qui j’ai eu le privilège de travailler au cours de ma carrière. J’ai la chance d’avoir une femme et quatre enfants actifs et en santé qui m’ont appuyé dans ma recherche et m’ont incité à joindre le geste à la parole. Je vous remercie énormément pour cet honneur, et j’espère que nous pourrons interagir sans animation en trois dimensions, en faisant appel à tous nos sens, idéalement en plein air, dans un avenir rapproché. Merci.
Chercheur en milieu de carrière : Arjumand Siddiqi
Arjumand Siddiqi est professeure et chef de la Division d’épidémiologie à l’École de santé publique Dalla Lana de l’Université de Toronto, où elle est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’équité en matière de santé des populations. Le programme de recherche de la Dre Siddiqi vise à comprendre comment les disparités en santé sont façonnées par des forces au niveau sociétal, notamment les politiques sociales et les facteurs connexes. Ses recherches sont axées sur le rôle des écarts de revenu et des politiques sociales, les méthodes et les indicateurs qui permettent l’étude scientifique des disparités en santé, et les mécanismes associés à la mise en pratique des données probantes au niveau du public et des gouvernements.
Transcription
Bonjour. Je m’appelle Arjumand Siddiqi et je suis professeure à l’École de santé publique Dalla Lana. Je suis très fière d’être la lauréate du Prix du pionnier remis à un chercheur en milieu de carrière pour l’année 2021.
Je fais de la recherche sur les inégalités en santé. L’une des choses vraiment importantes et dignes de mention au sujet de ce prix est qu’il s’agit d’une reconnaissance de l’importance du travail qui est effectué sur les inégalités en santé. Ce que nous voyons actuellement n’est pas seulement la présence de telles inégalités, comme nous l’observons depuis que nous en prenons les mesures, mais bien leur augmentation. Nous assistons à un accroissement des inégalités, ce qui donne lieu à un écart d’autant plus grand entre la santé des personnes les plus favorisées et celle des plus démunies. Et nous observons un tel résultat malgré des décennies de travaux de santé publique sur le sujet. Cela signifie clairement qu’il se passe quelque chose qui mérite notre attention, que ce que nous faisons et que la façon dont nous abordons ces questions ne suffisent pas, et que les mesures que nous prenons sont déficientes. Ainsi, grâce à mes travaux, j’espère approfondir ce genre d’idées et tenter de comprendre les façons fondamentales et structurelles dont nous pouvons provoquer le changement pour améliorer la vie et la santé des personnes qui forment les groupes les plus défavorisés.
Pour moi, ce prix est vraiment une reconnaissance de l’importance de la justice comme élément central du travail en santé publique. J’espère être en mesure de contribuer au travail réalisé dans le domaine, dans le milieu universitaire et ailleurs, et aux initiatives de travail réfléchi qui sont mises en œuvre.
Merci beaucoup.
Chercheur en début de carrière : Amol Verma
Chercheur à l’Institut du savoir Li Ka Shing de Unity Health Toronto, Amol Verma pratique aussi la médecine interne générale à l’Hôpital St. Michael et travaille comme professeur adjoint à la Faculté de médecine Temerty et à l’Institut des politiques, de la gestion et de l’évaluation de la santé de l’École de santé publique Dalla Lana de l’Université de Toronto. Les recherches interdisciplinaires du Dr Verma visent à améliorer la santé des populations par la modernisation de l’infrastructure numérique utilisée pour la recherche et par l’adaptation des soins hospitaliers à l’évolution des besoins de la population adulte canadienne, en particulier des personnes âgées vivant avec plusieurs maladies chroniques.
Transcription
Je m’appelle Amol Verma. Je suis scientifique clinicien à l’Institut du savoir Li Ka Shing de Unity Health Toronto et je suis aussi médecin spécialisé en médecine interne générale à l’Hôpital St. Michael. Je suis très reconnaissant et honoré d’avoir été choisi pour recevoir le Prix du pionnier pour chercheur en début de carrière décerné par l’Institut de la santé publique et des populations des Instituts de recherche en santé du Canada. Je suis ravi d’accepter ce prix au nom de mes formidables équipes de recherche chez Gemini et de l’unité de science des données et d’analytique avancée à l’Hôpital St. Michael de Unity Health Toronto.
Mes travaux cherchent à mettre à profit le pouvoir des données massives, de l’analytique avancée et de l’intelligence artificielle pour améliorer les soins hospitaliers. Je privilégie tout particulièrement l’amélioration des soins et des résultats de santé chez les personnes âgées. Ces travaux sont le produit des équipes extraordinaires avec lesquelles j’ai la chance de travailler et des merveilleux établissements qui nous ont appuyés. L’Hôpital St. Michael, un chef de file au Canada en matière de données et d’analytique, entreprend actuellement une initiative ambitieuse visant à combiner l’excellence technologique avec les meilleurs aspects des soins de santé humanistes. Cette campagne, appelée Humancare, vise à réinventer les expériences vécues par les patients en matière de soins; elle illustre bien l’approche de la recherche adoptée par mon équipe et mes collègues. Tirer profit des progrès de l’informatique et de l’intelligence artificielle exige d’énormes quantités de données. Pour cette raison, mes collègues et moi avons cofondé Gemini, qui est devenu le plus grand réseau canadien de partage de données hospitalières pour la recherche. Gemini recueille des données cliniques et administratives provenant des dossiers électroniques. Notre plateforme de données innovatrice détient des milliards de points de données concernant plus de 1,2 million d’hospitalisations dans 30 hôpitaux situés dans toutes les régions de l’Ontario. Nous avons une équipe de 30 employés à temps plein qui travaillent sans relâche pour mettre ces données à la disposition d’une communauté de plus de 100 scientifiques et étudiants. Ensemble, nous innovons et nous découvrons des connaissances afin d’améliorer la santé et les soins de santé. L’un des usages les plus importants que nous faisons des données issues de Gemini, c’est de fournir à des médecins ainsi qu’à des hôpitaux participants des renseignements détaillés sur la qualité des soins qu’ils offrent à leurs patients. Ces rapports de mesure de la qualité sont envoyés à plus de 600 médecins dans l’ensemble des 30 hôpitaux, dans le cadre d’un réseau provincial d’amélioration de la qualité en partenariat avec Santé Ontario. Notre but est d’aider les équipes cliniques à trouver des moyens d’améliorer les soins afin que les patients soient convaincus qu’ils reçoivent des soins de grande qualité, quel que soit l’hôpital où ils sont traités, partout dans notre province.
Au cours des deux dernières années, une partie importante des travaux de recherche réalisés chez Gemini a été consacrée à l’étude de la COVID-19. Nous avons eu recours à des données pour mieux comprendre cette nouvelle maladie, initialement si mystérieuse. Un autre axe de mes travaux de recherche est l’élaboration de solutions fondées sur l’intelligence artificielle pour améliorer les soins de santé. L’un de ces outils s’appelle CHARTWATCH; il s’agit d’un système d’alerte rapide pour les hôpitaux. Pas moins d’un patient hospitalisé sur dix voit son état de santé se détériorer à l’hôpital au point d’avoir besoin de soins intensifs; il est même possible qu’il meure à l’hôpital. Pour les médecins et les infirmières, il est très difficile de savoir d’avance lesquels de leurs patients verront leur état s’aggraver. CHARTWATCH essaie de résoudre ce problème. Il utilise des données provenant des dossiers médicaux électroniques de l’hôpital pour envoyer aux cliniciens, toutes les heures, une alerte actualisée leur signalant que l’état de certains de leurs patients risque de se détériorer, pour qu’ils le sachent d’avance et s’emploient à réagir de manière proactive. Nous avons démontré que cet outil améliore le jugement clinique de 15 %. Nous avons lancé cet outil à l’automne 2020. Depuis, il nous a aidés à soigner près de 5000 patients, et nos données préliminaires semblent indiquer qu’il nous aide à sauver des vies.
Encore une fois, je tiens à exprimer toute ma gratitude pour ce prix. Je suis très reconnaissant, bien sûr, envers ma famille et envers mes proches collaborateurs qui codirigent ces initiatives : le Dr Fahad Razak, cofondateur et codirecteur de Gemini; le professeur Muhammad Mamdani et Chloe, qui contribuent à codiriger la mise en œuvre de CHARTWATCH. Comme nous le voyons dans des initiatives comme Humancare, nous avons une occasion extraordinaire d’utiliser de nouvelles technologies informatiques pour améliorer les soins cliniques et la santé de la population. Il est essentiel de continuer à mettre l’accent sur les aspects les plus importants des soins, c’est-à-dire offrir aux gens des soins de santé bienveillants et de grande qualité, alors que nous devenons de plus en plus évolués et outillés sur le plan technologique. Merci encore pour ce prix.
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